Rome (Italie). Les 3 et 4 avril 2023, à Rome, à l’Université pontificale salésienne (UPS), s’est tenue la 14e édition des Journées salésiennes de la communication, un événement de formation sur des thèmes liés à la communication organisé par le Dicastère pour la Communication Sociale des Salésiens de Don Bosco, le Secteur pour la Communication de l’Institut des Filles de Marie Auxiliatrice, la Faculté des Sciences de la Communication Sociale de l’UPS et la Faculté Pontificale des Sciences de l’Éducation « Auxilium » de Rome.

Charisme et mission. Fidèles aux racines et innovateurs dans le monde d’aujourd’hui. Tel a été le thème exploré au cours des journées par quelque 140 jeunes en formation, avec leurs formateurs.

Dans l’après-midi du 3 mai, après le salut du Père Andrea Bozzolo, Recteur magnifique de l’UPS, les participants ont été conduits aux « racines du Charisme » par le Père Carlo Maria Zanotti, salésien de Don Bosco, et par Sr Eliane Petri Anschau, qui ont approfondi « l’unicité et la pertinence du charisme aujourd’hui » pour Don Bosco et pour Mère Mazzarello, respectivement.

« Humanité mûre, sensibilité capable de saisir les questions des jeunes, engagement sérieux dans le travail pour les âmes » sont les traits de Don Bosco que don Carlo Maria Zanotti a tiré du célèbre volume de Don Pietro Brocardo « Don Bosco. Profondément homme, profondément saint », pour laisser aux jeunes en formation quelques attitudes précieuses pour la vie consacrée et pour l’apostolat parmi les jeunes : un équilibre « dynamique », dans un chemin d’ouverture et de croissance progressive, en tenant compte de l’aujourd’hui et de ses défis ; la sensibilité, typique de Don Bosco, pour saisir les questions, les fatigues, les déceptions, les rêves, les désirs des jeunes, qui vient de son être « avec » et « au milieu », pour les connaître et les regarder avec le même regard de Dieu. Le troisième aspect est la synergie intelligente et sage – aujourd’hui nous dirions synodalité – pour rendre son engagement envers les jeunes concret et efficace. « Au centre, toujours les jeunes et la passion pour leur salut, une passion que Don Bosco a su transmettre à ceux qui l’approchaient » a souligné Don Carlo. « Et nous, a-t-il demandé, pouvons-nous dire comme Don Bosco que ‘chaque souffle’ est pour les jeunes ? »

Aux jeunes en formation, il a ensuite laissé quelques passages pour une expérience charismatique actuelle et incarnée dans le monde d’aujourd’hui : veiller à l’harmonie et à la connexion entre l’humain et le spirituel, cultiver une forte intériorité, former une « compétence relationnelle » dans un contexte de  « disparition de l’espérance », de méfiance dans l’avenir et de peur. Et encore, annoncer, dans une relation qui parle, qui provoque, qui suscite l’espoir, la joie, l’optimisme, la confiance.

L’aspect relationnel est aussi ressorti de l’intervention de sœur Eliane Petri qui, se basant sur les Lettres de Mère Mazzarello, a parlé de la cofondatrice de l’Institut des FMA comme d’une éducatrice et d’une femme de relation : « Cette forme relationnelle communicative se réalise d’une façon particulière dans l’accompagnement éducatif, dans lequel Marie-Dominique est particulièrement habile : elle a été une experte de l’esprit. Cette capacité communicative de persuasion au bien vient du témoignage de la vie ». Mère Mazzarello, en effet, croyait beaucoup au pouvoir de l’exemple, pour communiquer le bien et le beau et pour éduquer à la vie et aux grandes valeurs : « si j’aime Jésus de tout mon cœur, je saurai aussi le faire aimer aux autres » (L11,2).

Après avoir laissé quelques aspects éducatifs émergeant de l’expérience de MM et de la première communauté de Mornèse, Sr Eliane a conclu en regardant le monde contemporain et en observant : « La communauté de Mornèse est un modèle de “communauté éducative présente”, non indifférente à la vie qui l’entoure. Aujourd’hui encore, la communication est la voie éducative pour rétablir la dignité et la prise de parole dans l’égalité, dans ce qui est essentiel et dans la proactivité, pour bien communiquer le bien ». Enfin, elle a invité à « repenser la qualité des relations éducatives, à être une ‘épiphanie de l’amour de Dieu’, un signe d’espoir, une aide pour élever les yeux des jeunes vers de grands rêves », en les éduquant à la résilience et à l’espoir.

Le travail s’est poursuivi dans les groupes, où nous avons échangé à partir des questions proposées dans les “Capsules vidéo” charismatiques visionnées en préparation de l’événement et les réflexions des intervenants. L’un des thèmes qui a le plus touché les jeunes en formation a été le soin de l’intériorité, au sein des engagements quotidiens : « Nous sommes aussi des jeunes immergés dans cette société, il n’est pas facile d’être toujours conscients des dynamiques qui nous animent et de choisir Jésus au quotidien, d’être dans le monde et de ne pas y appartenir », a exprimé un groupe.

Dans la soirée, une vidéo a été proposée sur les impacts de l’utilisation des appareils et des médias sociaux sur le cerveau des préadolescents et des adolescents et sur leur comportement, ce qui, dans certains cas, entraîne des conséquences graves, voire mortelles. L’importance de connaître les données et les tendances pour agir efficacement est apparue, à travers les relations avec les jeunes et le renforcement des alliances avec la famille, l’école et autres agences éducatives.

Le deuxième jour a commencé par la célébration eucharistique présidée par don Gildásio Mendes dos Santos, Conseiller mondial pour la communication sociale des salésiens, qui a mis en évidence le verbe     « ouvrir » : « quand l’enfant ouvre les yeux, il y a la première communication avec sa mère, les regards se rencontrent. Ainsi, la Résurrection est l’acte d’ouverture : ouvrir les yeux, le cœur, l’âme, pour faire l’expérience du Christ ressuscité ».

« En tant que communicateur, » a demandé le P. Gildasio en s’adressant à chaque personne, « quelle est votre expérience d’ouverture du cœur, des mains, de la vie dans le processus de formation/communication ? Vos dons, vos talents, votre capacité à raconter votre expérience sans copier… L’art de s’ouvrir aux autres… avec créativité et originalité ». En conclusion de son homélie, il a souligné qu’ « il n’y a pas d’expérience de résurrection sans expérience communautaire » et a encouragé à « ne pas avoir peur de l’humain », car c’est là que se trouve Dieu.

Un peu plus tard, en l’assemblée, le Père Fabio Pasqualetti, doyen de la Faculté de communication de l’UPS et consulteur du Dicastère du Saint-Siège pour la communication, a commenté le message du Saint-Père pour la Journée mondiale de la communication (JMC) 2024: Intelligence artificielle et sagesse du cœur : pour une communication pleinement humaine.

Le Père Fabio a tout d’abord encadré le Message dans la ligne du Pape François, d’une communication « au service de la culture de la rencontre », avec le cœur au centre, siège de la rencontre avec Dieu. Partant d’une question – « Comment pouvons-nous rester pleinement humains et orienter le changement en cours vers le bien » – il a ensuite exposé les risques et les avantages de l’Intelligence Artificielle et d’autres évolutions techniques et scientifiques, rappelant l’importance et la responsabilité pour chaque éducateur de connaître les problèmes sociaux et politiques, de s’incarner dans la réalité, d’être, en tant qu’hommes et femmes consacrés, des pères et des mères génératifs, en restant pleinement humains.

Dans un monde désormais régi par des algorithmes, l’homme– a-t-il souligné – reste la variable fondamentale. D’où la nécessité pour les hommes et les femmes consacrés d’être prophétiques, d’être capables de lire l’histoire, de sentir sa direction. Abordant le thème de la pastorale sur les réseaux sociaux, il a souligné l’importance d’être, outre des témoins crédibles, des communicateurs compétents qui n’improvisent pas, et de ne pas s’isoler, parce que « notre humanité dépend de la capacité d’approfondir les expériences » et d’avoir un « regard spirituel », comme Mère Mazzarello et Don Bosco.

Une fois de plus, il est a été relevé comment la pensée humaine – à des fins utiles, pour le bien commun – est indispensable dans la conception de la technologie, qui aujourd’hui n’est plus seulement un moyen, mais est devenue un système.  La gestion de la connaissance,  n’est pas seulement un concept technique. Un exemple peut être la recherche sociologique, où les données statistiques sont importantes, mais encore plus les données relationnelles: « si vous voulez connaître les jeunes, vous devez être avec eux ».

Parmi les nombreux thèmes qui ont émergé – questions éthiques et légales, protection de la vie privée et des données personnelles, durabilité environnementale, Big Data et monde de l’information, etc… – le Père Fabio a souligné l’importance de grandir en humanité et de relever le défi de « faire un saut qualitatif pour être à la hauteur d’une société complexe, multiethnique, pluraliste, multireligieuse et multiculturelle », en commençant par les communautés religieuses, qui peuvent vivre la prophétie du « vivre ensemble » en servant et en valorisant les talents, avec une participation véritablement symphonique.

La réflexion de ces deux journées a été enrichie par les ateliers proposés : « La pastorale dans la culture numérique et l’IA » (Fabio Bolzetta) ; « Prier aujourd’hui, quel sens cela a-t-il et comment le faire ? » (Maison de prière de San Biagio) ; « Affectivité et sexualité dans le célibat » (Paolo Gambini) ; « Salésiens et Salésiennes dans le monde social » (Ermanno Giuca et Chiara Montesano) ; « L’intelligence artificielle et l’information » (Andrea Tomasi).

Photo: Flickr FMA

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